Description
Philippe Wille répare ici un oubli de la littérature traitant de la première guerre mondiale. Dans la plupart des ouvrages, en effet, on ne parle pas, ou très succinctement, de la bataille de Gozée. Elle a pourtant fait plus de 3.000 victimes et a probablement joué un rôle important dans la suite des événements.
De plus, spécialiste de ce conflit, il a remarqué que les récits ne sont jamais appréhendés sous l’angle de l’envahisseur. Il a donc décidé de nous dévoiler ce combat meurtrier vu et ressenti d’abord par les troupes allemandes. Il n’est aucunement question d’en glorifier les actes mais de donner un éclairage différent, nouveau et très rigoureux. La fresque en est plus riche et la compréhension du chaos inhérent au conflit plus complète.
” L’Affaire Oubliée de Charleroi ” nous plonge au cœur de la vie de l’époque grâce à l’humanité des photos souvent inédites et toujours pertinentes. Les nombreux souvenirs, les récits provenant des deux camps, les lettres de soldats écrites à Gozée… sont autant de témoignages touchants qui révèlent la complexité de cette guerre, la fragilité des combattants, la peur des habitants, la justification des exactions et les interrogations de chacun.
Ce livre est dédié, 100 ans après, à tous ces combattants venus défendre leurs idéaux d’un autre siècle…
Philippe Wille
Né à Charleroi, sur la Sambre, une photo de son grand-père lui fait découvrir très tôt l’histoire de la Grande Guerre. Il sera dès lors porté par une infatigable envie de savoir, et les combats d’août 14 dans sa région seront son terrain de recherche.
Membre actif de plusieurs associations historiques, il a publié différentes études et articles sur l’armée allemande de 14.
Extrait
L’artillerie allemande, mise en place rapidement près de la ferme Baudribus, ouvre le feu sur la chaussée Gozée/Thuin pour appuyer la 8e compagnie RIR 15. (…) Ce combat est raconté en détails par un témoin du 15e régiment d’infanterie de réserve, le capitaine von Forstner de la 2e compagnie :
Les hommes se relayaient au tir à genoux : “ Le fusil de Monsieur le capitaine !”. Un homme crie “en voilà un qui court !”
Il lève les bras en l’air en poussant des cris de joie. Je lui passe donc l’arme et regarde à travers mes jumelles…
Puis il crie en pâlissant : “Mais qu’est-ce donc ?…” et tombe. Il a été touché à la poitrine.
Je veux le panser mais suis touché à mon tour au poignet gauche. Heureusement que le sous-officier Meier est là pour me mettre un pansement.
C’est à cet instant que je suis touché une seconde fois à la taille mais Meier ne se laisse pas perturber. C’est seulement lorsqu’il a fini de nous panser, donner à boire puis mis un sac sous la tête qu’il se couche afin de se mettre à l’abri. Le sous-officier a une mort difficile. Il appelle le médecin…
“ Silence !…Chaque mouvement signifie une mort certaine !… Le sang va encore couler et vous serez ce soir le premier à être évacué vers l’arrière, je vous le promets ”.
Il répond : “ Alors il sera trop tard.. ”. Ses prières sont déchirantes, il demande encore si c’est cela la camaraderie ?…
Enfin il paraît s’être endormi et respire calmement, il a fini de souffrir ”.
Sur le texte
Il a fallu à Philippe Wille des années d’investigation, d’enquête approfondie dans les archives militaires de l’armée impériale. Il a fallu éplucher les historiques régimentaires allemands, retrouver des témoignages, des lettres, des documents qui ont dû être traduits puis mis en perspective. Il a du vérifier, recouper, trouver les pièces manquantes à la reconstitution du puzzle.
Et puis, il y a la satisfaction de découvrir des cartes militaires de l’époque, annotées de la main d’acteurs de la bataille de Gozée, qui illustrent le propos et éclairent la situation. Il y a le bonheur de tomber sur des lettres et des cartes postales qui, après des traductions difficiles de ces textes manuscrits écrits en “fraktur”, se révèlent des descriptions de faits et de sentiments des belligérants lors de la bataille de Gozée. Il y a également les témoignages récoltés auprès de descendants d’acteurs de la bataille, civils de Gozée et militaires allemands, qui nous rendent le récit tellement vivant tout en étant rigoureux dans l’approche historique des faits. Au final, l’humanité de tous ces documents alliée à la minutie du récit tend à l’universel…
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.