Description
« Je n’ai rien à voir avec mon triste homonyme. Cet homme ne connaissait rien en cinéma et d’ailleurs il n’en faisait pas. Il n’avait qu’une plume d’oie avec laquelle il faisait trembler la France et moi, avec ma caméra, je fais trembler le monde. » (JJR)
L’Amputeur Wallon, Le chasseur de succubes, Le diabolique Docteur Falk…
Travaillant sans aucun moyen financier, Jean-Jacques Rousseau, “cinéaste de l’absurde” - toujours (ou presque) masqué lors de ses apparitions publiques - est l’auteur autodidacte de dizaines de films amateurs aux titres extrêmement accrocheurs.
Le soir du 15 juillet 2014, à la suite d’une altercation survenue dans un café à Courcelles, Jean-Jacques Rousseau est gravement blessé par un homme qui le percute délibérément dans la rue avec sa voiture. Hospitalisé dans un état proche de la mort, plongé dans le coma, Jean-Jacques Rousseau n’a jamais repris connaissance et meurt le 5 novembre à l’hôpital des suites de ses blessures.
Prélude gloupinesque de Noël Godin
Il est net comme torchette qu’on peut claironner que Jean-Jacques Rousseau figure parmi les cinéastes les plus déconcertants de l’histoire du 7e art.
D’abord, et d’une, il a démontré que l’on pouvait faire du vrai cinéma populaire sans un sou vaillant. Et pas seulement un film de temps en temps. Le plus pauvre des cinéastes belges est aussi le plus prolifique. C’est que pour arriver à tourner film sur film sur film, il a su susciter un extraordinaire enthousiasme. Fait unique en Belgique, il a réussi à se constituer une petite troupe de comédiens et de techniciens totalement allumés et complices comme l’avait fait un Marcel Pagnol en France, un John Cassavetes aux États-Unis et un Rainer Werner Fassbinder en Allemagne. Et bon nombre d’habitants de Courcelles, de Charleroi, de Liège et d’ailleurs se sont mis à voler à sa rescousse en lui prêtant des appartements ou des garde-robes, et en lui apportant des victuailles. L’intendance sur les tournages de Rousseau a souvent été plus canon que celle des frères Dardenne.
Jean-Jacques Rousseau par ailleurs a inventé la série Z à la belge en mettant l’imagination la plus déraisonnable aux postes de commande de ses œuvres. Faisant la nique à ce qu’on nous apprend besogneusement dans les très dogmatiques et les très prêchi-prêcheuses écoles de cinéma, le réalisateur de La Revanche du Sacristain cannibale n’a écrit et réalisé en suivant ses impulsions mal léchées que des films bougrement personnels, bougrement audacieux, bougrement originaux. Lesquels, petit à petit, ont été reconnus et applaudis par la plupart des spécialistes de cinéma bizarre à tout petits moyens de France puis du monde entier. Savez-vous que Le Diabolique Docteur Flak passe pour le film belge culte qui, avec C’est arrivé près de chez vous, a été le plus montré et remontré euphoriquement dans certains cénacles intellos parisiens déjantés ?
Que le lecteur n’attende pas de ce livre un mode d’emploi de son cinéma, car ce mode d’emploi n’existe pas. Ce qu’il trouvera ici, c’est plutôt la porte d’entrée d’une pensée singulière, baroque, à la fois - et ce n’est pas le moindre paradoxe ! - obsessionnelle et infiniment libre.
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